Fleurs de Souliers (Germond) créatrice entre deux mondes
11 mai 2013
Clémence Nerbusson a installé son atelier dans une yourte, commercialise ses bottines ou ballerines sur internet. Artisan atypique et gestionnaire avisée.
Un puits de lumière naturelle au-dessus de la table de travail. Une paire de mains expertes découpe, assemble et coud des pièces uniques. « Stellaire », sortes d’escarpin à pétales, « Aspérule », un richelieu balmoral ou « Epilobe », des bottines à lacets et autres chaussons de bébé. Les « ballerines » ont la faveur du moment. Simples et personnalisables, inspirées de chausses de la Haute Antiquité et féminisées. Bienvenue dans l’atelier de Clémence Nerbusson, 25 ans, créatrice de l’entreprise Fleurs de souliers à Germond.
« Chez Gabilly le goût du travail bien fait »
La fabricante de chaussures artisanales a installé ses machines à coudre, pareuse et banc de cordonnier sous une authentique yourte mongole de huit mètres, dressée en pleine pampa. « La yourte n’est pas une volonté d’exclusion, prévient d’emblée la jeune créatrice. J’habite à Germond et je veux vivre à Germond. » Attention au cliché. Clémence Nerbusson n’est pas une baba cool égarée dans le monde de l’entreprise.
Le site internet de « Fleur de souliers », qui présente tous ses élégants modèles, produits à la main et personnalisables (de 21 € à 270 €), est déjà référencé par des connaisseurs(ses). La jeune femme rentre d’un salon professionnel (Froufrou) à Poitiers, se prépare pour un autre à Bordeaux. Une boutique lyonnaise expose ses créations, également présentes dans un magasin collectif à Parthenay. Après une licence en médiation culturelle, quelques mois de travail à l’association UPCP Metive à Parthenay, Clémence Nerbusson change radicalement d’horizon et décide d’apprendre le travail du cuir et la création de la chaussure.
Une nouvelle aventure qui passe par un CAP de cordonnier-bottier, « qui n’existe quasiment nulle part ». Finalement, c’est entre les CFA Lyon et de Niort que l’apprentie persévérante suit sa formation. Ils ne seront que deux à passer l’examen, l’autre étant issu de chez le célèbre chausseur Berluti. Clémence a trouvé son maître de stage chez le Niortais Gabilly Orthopédie : « J’y ai appris le travail à la main, la réparation et la fabrication de chaussures style bottine, dit-elle. Et surtout à avoir l’œil. » Elle lance ensuite sa propre activité, investit dans une yourte (« Moins cher qu’un atelier »), créé de petits accessoires à base de « récup », puis commence la fabrication de chaussures artisanales. D’abord sous forme de Scop, puis en micro-entreprise, sans emprunt ni aucune forme d’aide. Soutenue par l’association « Entreprendre au féminin », la jeune créatrice est patiente et optimiste, car le site de vente en ligne est prometteur. Pragmatique, entre vie au grand air et gestion rigoureuse de sa petite entreprise. Après sa journée de travail retrouve ses pénates. Dans une autre superbe yourte.
Clémence Nerbusson dans sa confortable yourte transformée en atelier de bottier.